Ça y est ! C’est fait ! Robert Mugabe a démissionné, ce 21 novembre
2017, de la présidence de la République du Zimbabwe qu’il assurait depuis le 31
décembre 1987, après avoir été le Premier ministre de l’Indépendance, de 1980 à
1987. Le « coup de velours » ou « Opération Restore Legacy » (Opération
restaurer l’héritage) a finalement atteint son objectif.
À 14 h35 (heure du Zimbabwe), la motion de censure devait être présentée par la sénatrice Monica Mutsvangwa, assistée par le sénateur James Maridadi. Cependant, nouveau rebondissement, technique celui-là, après avoir constaté que la salle du Parlement était trop exiguë pour accueillir les ministres – qui avaient refusé de se rendre au Conseil convoqué par Robert Mugabe dans la matinée – les sénateurs et les parlementaires, décision était prise d’utiliser les locaux du Centre international de conférence. La séance reprenait, donc, à 16h30.
À 14 h35 (heure du Zimbabwe), la motion de censure devait être présentée par la sénatrice Monica Mutsvangwa, assistée par le sénateur James Maridadi. Cependant, nouveau rebondissement, technique celui-là, après avoir constaté que la salle du Parlement était trop exiguë pour accueillir les ministres – qui avaient refusé de se rendre au Conseil convoqué par Robert Mugabe dans la matinée – les sénateurs et les parlementaires, décision était prise d’utiliser les locaux du Centre international de conférence. La séance reprenait, donc, à 16h30.
Présentant la motion de la Zanu-PF – le parti du président
– soutenue par le parti d’opposition MDC, le Mouvement pour un Changement
Démocratique, la sénatrice Mutsvangwa explique que le président Mugabe « est
vieux et doit être remplacé », et qu’en tant que tel, « il ne peut plus assumer
ses fonctions ». Le président, dit-elle encore, « n’a pris aucune mesure
significative pour enrayer la corruption endémique qui est devenue l’ennemi
numéro1 » et, « entre autres raisons », il a fait preuve d’une « mauvaise conduite
grave », reprenant les termes de l’article de la Constitution zimbabwéenne
autorisant la destitution d’un président (voir texte de la motion
http://www.afrique-asie.fr/zimbabwe-la-derniere-pirouette-du-vieux-president/).
Puis, les ministres et les élus ont prononcé une prière.
Car la destitution du vieux dirigeant zimbabwéen, héro de la guerre de
libération, et quels que soient les fautes qui lui sont reprochées, reste pour
cette génération de responsables politiques, liés eux-mêmes à la guerre de
libération, un événement « historique », non dépourvu d’émotion.
Le débat de pure forme s’engage alors, dénonçant les
méfaits de Robert Mugabe, mais est rapidement interrompu par le président de
séance qui annonce, à 17h46, lisant une lettre transmise par les «
représentants » du président, que Robert Mugabe a démissionné, « avec effet
immédiat, pour le bien du peuple du Zimbabwe et la nécessité d’un transfert
pacifique du pouvoir ». L’annonce est suivie d’applaudissements et de chants,
tandis qu’une foule envahissait les rues de toutes les villes du pays. Robert
Mugabe doit prononcer son dernier discours à la nation dans la soirée, selon
les autorités militaires.
Dans la foulée, deux personnalités du G40, le groupe
soutenant Grace Mugabe, étaient libérées et vues prenant un avion pour le
Mozambique. Le ministre du gouvernement local, Saviour Kasukuwere et Jonathan
Moyo, ancien ministre et proche de Grace et Robert Mugabe, avaient été parmi
les premières personnalités arrêtées par les militaires, le 15 novembre. «
Adios Baba. 37 ans de bon temps. Acceptons la nouvelle donne et construisons
notre nation. L’unité fait la force et la paix est la condition préalable au
progrès », écrivait Kasukuwere sur son compte Twitter.
Et maintenant ?
Emmerson Mnangagwa, l’homme de l’armée soutenu par les
Vétérans, qui avait été limogé par Robert Mugabe quelques jours avant
l’intervention militaire à Harare, devrait revenir de son exil provisoire où il
attendait que les « conditions de sa sécurité » soient réunies pour rentrer au
pays. Il devrait, en toute logique, remplacer le président Mugabe, tandis que,
selon les autorités militaires, les élections générales devraient se tenir,
comme prévu, en juillet 2018.
Du côté de l’opposition, le dirigeant du MDC, Morgan
Tsvangirai a, dès le début de l’opération militaire et son retour d’exil en
Afrique du Sud, demandé la formation d’un gouvernement provisoire d’union –
dont on dit, à Harare, qu’il pourrait être le Premier ministre – l’organisation
d’élections anticipées contrôlées par la communauté internationale, et une
conférence nationale réunissant toutes les parties afin de définir le futur du
Zimbabwe.
Quant au peuple, libéré, il attend des nouveaux dirigeants
du pays, quels qu’ils soient, l’instauration de la démocratie et un changement
radical, social et économique. De nombreux Zimbabwéens sont, cependant,
sceptiques sur les aspirations à la démocratie du clan du général Chiwenga et
d’Emmerson Mnangagwa, eux-mêmes responsables de la répression violente dont le
peuple et les opposants politiques ont été victimes dans le passé. Et du futur
immédiat, il n’en a pas été question pendant l’Operation Restore Legacy, sinon
à travers de courtes déclarations de principe sur la paix et le développement,
visant à rassurer la communauté internationale. Mais jamais le mot « démocratie
» n’a été prononcé. Les semaines à venir seront donc, décisives, la question
étant : le clan Mnangagwa/Armée est-il prêt à partager le pouvoir et à
instaurer la démocratie au Zimbabwe ?
Publié par: Christine Abdelkrim-Delannele: 21 novembre, 2017
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